Vendredi 13 juin, c’est sous de biens mauvais auspices qu’Aymeric se dirige vers le Manhattan Bridge, dans un quartier où le Chinois est roi. Aujourd’hui, le départ est pour 18h, et le réveil a fonctionné pour Aymeric. Il s’est même enfui en douce pour ne pas subir la rage de ses supérieurs qui, non contents de le tourmenter d’une pression morale telle que l’idée même de se connecter à Facebook le fait frémir, prennent un malin plaisir à l’enfermer dans son bureaux jusqu’à des heures indues. Mais tel Marshall et Lilly s’échappant de leur soirée de dégustation de vins, un saut adroit par la fenêtre le dirige tout droit vers East Broadway. Un sentiment de honte le prend tout à coup. Non pas la honte d’avoir abandonné son collègue qui devra travailler jusqu’au milieu de la nuit pour achever le travail abandonné par Aymeric, et ainsi sacrifier son week-end, manquer la rencontre avec la femme de sa vie et finir sa vie seul dans l’immeuble bancal qu’il aura construit sans les connaissances indispensables que le jeune Aymeric aurait pu lui apporter, mais la honte de découvrir que le gardien de son équipe nationale favorite alla chercher le ballon à 4 reprises au fond de ses filets quand son homologue néerlandais se contenta d’une seule fois pour le fun...
Dans le bus, Aymeric décide de partager la culture française avec le reste du bus en leur montrant un monument du cinéma français, ce chef d’œuvre qui retrace les aventures de Georges Abitbol, l’homme le plus classe du monde : La Classe Américaine, le grand détournement. Et pour être sur que chacun suive l’action au plus près, il abandonne à regret ses écouteurs au fond de son étui à lunettes et sacrifie sa batterie au volume de ses haut-parleurs.
C’est déjà la fin du trajet, les voisins d’Aymeric semblent attristés de le quitter aussi rapidement, mais notre jeune gaillard a une tâche ardue devant lui : trouver l’auberge de jeunesse de Washington. Pourtant doté d’un sens de l’orientation aiguisé, la carte le déroute. Les lettres croissent en tournant sur la gauche sur le plan, mais dans la réalité, c’est sur la droite. Bizarre bizarre… Ils ont une drôle de façon de faire les cartes à Washington. Non seulement leur Nord est à l’Ouest, mais ils dessinent des cartes qui doivent être lues dans des miroirs ! Le mystère s’épaissit… Il fallut un concours de découpage au cours duquel Aymeric s’illustra par la qualité de sa performance pour réaliser qu’il y avait deux 11ème rues à deux endroits distincts de la ville. Comme quoi, même en suivant un chemin sur une carte ne représentant pas l’espace dans lequel il évoluait, ce jeune débrouillard réussit à trouver son but.
Samedi 14 juin, 6h30, le réveil collectif de la communauté Serbe de la chambre 667 sort Aymeric de ses rêves, il lui faudra attendre encore un peu avant de devenir le bâtisseur du premier pont transatlantique. Après un rapide petit-déjeuner Aymeric se met en route pour le Mall, ce grand espace donnant à la ville son caractère mémorial-musée. Aymeric rêve de David Duchony et Gilian Anderson en passant devant les murs du FBI, dont l’architecte a du s’inspirer du magnifique hôtel de ville de Boston, ou de la non moins remarquable ambassade de Russie à Paris. Il se voit en Jefferson signant la déclaration d’indépendance en passant devant les archives nationales. Il rêve même qu’il rêve aujourd’hui en toisant le bassin du Constitution Gardens du haut des marches du Lincoln Memorial.
Aymeric passe la matinée dans le National Art Museum, qui comme le préfixe National ne le montre pas, est un musée magnifique. Il pu découvrir à travers le dédale de ses salles une histoire complète de la peinture européenne. Entre le musée d’art de Philadelphia et le présent musée, son cœur balance. C’est en découvrant ce tableau inspirateur des Desperate Housewives que son choix est fait !
Si Aymeric aime la peinture, ce n’est rien à coté de la photographie, et les innombrables bâtiments blancs massifs dessinés à la mode grecque lui donnent l’opportunité de faire chauffer son reflex. Cette réplique du panthéon en est la preuve :
12h40, Aymeric dont l’Anglais n’est pas encore parfait, déchiffre les recommandations pour pénétrer dans le Capitole. Il s’est préparé, et possède tous les objets nécessaires : son couteau Suisse à porter de main, des sprays en quantité, de la nourriture et une bouteille d’eau pleine. Il a soigneusement jeté son ticket avant l’entrée au cas où il se ferait contrôler. Il a même la chance de se faire inviter par un autochtone bodybuildé et armé à jouer à cache-cache dans les buissons. Malheureusement, il fait face à l’incompréhension quand son ID est retrouvée dans une de ses poches, il pensait vraiment l’avoir laissé dans un endroit approprié avant de venir… Une dame en rouge le punit en lui mettant un casque sur les oreilles et en l’obligeant à écouter ses histoires sous la coupole.
15h, Aymeric a faim. Un canadien original parlant un Français bon mais pas top, le prend en photo devant le Capitole à l’intérieur duquel il sera resté puni plus d’une heure, et l’enjoint à se rendre aux 2 musées mythiques de la ville. D’abord le musée des American Indians, où il pourra déguster de la viande de bison, puis le musée de l’air et de l’espace, qui est le musée le plus visité au monde dans lequel on trouve de la glace déshydraté. Ne réalisant pas que par glace, ce Canadien entendait Icecream, Aymeric ne comprend pas. Ce ne seront ni la partie de freesbee improvisée sur la pelouse du Mall, ni la cuisine éthiopienne, ni la bière partagée autour d’un billard qui lui donneront la solution.
Dimanche, Aymeric se lève avec l’excitation d’apercevoir Georges Buisson en train de courir autour de la maison blanche. Il devra se contentait de la statue de Sherman, placée en face de la maison blanche, comme en symétrique de la statue de Grant que l’on retrouve en face du Capitole. N’oublions pas que ces 2 généraux ont mis définitivement en déroute l’armée confédérée lors de la guerre de sécession en les encerclant, Grant par le Nord, Sherman par l’Ouest puis le Sud. C’est finalement le très bien pensé musée de l’air et de l’espace qui redonnera le sourire à Aymeric. Des frères Wright à Kennedy, du premier vol reliant New York à Paris (sans pare-brise !!) au premier pas sur la lune, ce musée fait rêver l’enfant qui sommeille en Aymeric. Si seulement il pouvait devenir astronaute !
Un tour à la jolie gare de la ville, un rapide retour au musée d’art, une course sans succès après le bus, une pause au Starbuck du coin, seront les derniers instants d’Aymeric à Washington, qui doit maintenant remonter dans le bus pour rejoindre New York.Quelques km après le départ, le soleil se couche et la lecture devient difficile. Voyant que le reste du bus est assoupi, Aymeric a une brillante idée : il va animer un blind-test ! Le jeu prends, la tension est palpable entre les différents compétiteurs, des stratégies variées se dessinent. Le bus entier semble se prendre au jeu… Cependant à l’inverse de l’étendue de son talent de photographe, le répertoire musical d’Aymeric est très limité, et se résume essentiellement à The Doors et à Beautiful Day de U2. Et 18 minutes de silence permirent à Aymeric de franchir l’Hudson pour passer du New Jersey à New York tout en passant du dimanche au lundi…